Des centaines de vendeurs sur Internet ont été victimes d'un réseau international qui, au lieu d'effectuer des virements, payait avec des chèques volés. Le pôle financier de Paris a été saisi. Des plaintes ont été déposées contre les banques.
DEPUIS plusieurs mois, la brigade de répression du banditisme enquête sur un réseau international qui aurait fait, selon l'Association française des usagers des banques (Afub), « plusieurs milliers de victimes » en France. Un réseau qui s'en prend aux particuliers, vendeurs de grosses berlines et 4 x 4, et qui exploite les failles du système bancaire.
La méthode ? L'utilisation de « faux virements ».
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L'Afub a reçu l'an dernier 200 dossiers de victimes et plusieurs centaines de plaintes ont été déposées à travers la France. L'enquête pilotée par le pôle financier de Paris est remontée, notamment, jusqu'en Côte d'Ivoire où plusieurs véhicules ont été retrouvés. La juge en charge du dossier a lancé des mandats d'arrêt internationaux.
« Les préjudices atteignent des sommets »
De son côté, l'Afub accuse les banques d'avoir « sacrifié la sécurité des moyens de paiement à la productivité ». La Fédération française bancaire, elle, pointe le manque de prudence des vendeurs. « Les préjudices atteignent des sommets, 30 000, 40 000, 50 000 €... », explique Serge Maitre, président de l'Afub.
Le mode opératoire, lui, est constant : une personne se porte acquéreur d'une voiture proposée par petite annonce sur Internet et propose de payer par virement, plus sûr que les chèques. En réalité, il va utiliser un chèque volé, qu'il endossera comme s'il en était le bénéficiaire - c'est-à-dire le vendeur. Il le déposera ensuite dans une petite agence de la banque du vendeur. Ce dernier se contente souvent de regarder le solde de son compte pour vérifier le paiement. Rassuré, il conclut la vente. « Les escrocs exploitent le fait que les banques créditent un chèque avant même que celui-ci ne soit débité du compte de l'émetteur, et sans même vérifier s'il a été volé, précise Serge Maitre. Ils profitent aussi du contrôle insuffisant des signatures au dos des chèques. »
« Le contrôle des signatures d'endossement prend du temps et les escrocs jouent sur la rapidité, se défend Philippe Caplet, directeur du Centre d'information bancaire de la Fédération bancaire française. Le chèque est toujours risqué, le vendeur doit vérifier qu'il a reçu un virement et pas un chèque. Nous avons déjà alerté les consommateurs dans notre guide de sécurité bancaire*. »
Mais l'Afub maintient ses accusations : « Les banquiers laissent croire que l'argent crédité est disponible même s'il s'agit de sommes importantes. Peu de gens savent qu'un chèque crédité sur leur compte est conditionné par le paiement de la banque qui peut procéder à une contre-passation, c'est-à-dire reprendre l'argent. »
Selon la Banque de France, il peut s'écouler deux mois avant que la banque ne constate que le chèque est volé. L'Afub conseille donc, dans le doute, de demander à son banquier un « avis de sort » qui garantit que l'argent est définitivement acquis.