Raul Reyes, numéro deux des Farc, tué par l'armée colombienne en EquateurL'armée
colombienne a annoncé samedi avoir tué en territoire équatorien Raul
Reyes , le numéro deux des Forces armées révolutionnaires de Colombie
(Farc), le plus dur échec jamais infligé à la guérilla marxiste.Le
ministre colombien de la Défense Juan Manuel Santos a précisé lors
d'une conférence de presse que l'opération lancée contre un camp de
guérilleros, où se trouvait Reyes, avait commencé par un bombardement
aérien, suivi d'une attaque terrestre de soldats héliportés."C'est le coup le plus décisif jamais porté jusqu'à présent à ce groupe terroriste", a affirmé le ministre.M.
Santos a révélé que le camp attaqué se trouvait "du côté équatorien, à
1.800 mètres de la frontière" commune. Le président colombien Alvaro
Uribe a eu un entretien téléphonique sur cette question territoriale
délicate avec son homologue équatorien Rafael Correa, a ajouté le
ministre sans dire si la conversation avait eu lieu avant ou après
l'attaque.A Quito, M. Correa a annoncé avoir déplacé une
division de l'armée équatorienne sur la frontière afin "de vérifier" ce
qui s'était passé.L'opération commando contre les guérilleros du
Front 48 des Farc a débuté par un bombardement de l'aviation samedi à
00H25 locales (vendredi 19H25 GMT).Des unités héliportées se
sont rendues sur les lieux du campement en territoire équatorien où des
combats se sont produits, faisant au total un mort parmi les soldats
colombiens et 17 dans les rangs de la guérilla.Un idéologue des Farc, Guillermo Enrique Torres, alias Julian Conrado, a également été tué dans cette attaque.Le corps de Raul Reyes a été rapatrié par l'armée en territoire colombien.Un
coup de téléphone satellitaire de Raul Reyes et un informateur de
l'armée ont permis de localiser avec précision le camp où vivait en
territoire équatorien le numéro deux des Farc, a révélé à l'AFP une
source militaire."Deux facteurs ont été déterminants pour cette
réussite: d'un coté, les écoutes permanentes des Farc qui nous ont
permis grâce à une communication de Reyes sur son son satellitaire de
le localiser approximativement. Et un informateur qui nous a fourni la
localisation exacte du chef guérillero", a précisé l'informateur qui a
requis l'anonymat.Selon cette même source, "Reyes a été blessé à
la cuisse droite lors des premiers bombardements aériens. Puis il a été
tué par les commandos, alors que quatre rebelles de sa garde
personnelle tentaient de l'évacuer".Un correspondant de l'AFP,
qui a rencontré Reyes dans cette même région, a indiqué que ce dernier
était entouré d'un dispositif de sécurité très élaboré.Agé de 59
ans, le No 2 des Farc, dont le vrai nom est Luis Edgar Devia, était au
début de sa carrière un dirigeant syndical dans le département de
Caqueta (sud) où il travaillait pour le groupe multinational Nestlé.Membre
de la guérilla depuis près de 30 ans, il a franchi tous les échelons de
la hiérarchie pour devenir le porte-parole des Farc. Son nom était
fréquemment cité pour la succession de Manuel Marulanda, le chef
suprême des rebelles âgé de 77 ans.Reyes était l'un des sept
membres du secrétariat des Farc, l'organe dirigeant, et était présenté
par ses compagnons comme l'un des représentants de la faction la plus
dure du mouvement rebelle.Ces derniers mois, l'armée avait
annoncé avoir tué plusieurs chefs importants des Farc, dont Tomas
Medina, alias Negro Acacio, et Martin Caballero.Principal
mouvement de guérilla colombien, les Farc comptent aujourd'hui 17.000
combattants, principalement des paysans, répartis sur 60 fronts et
occupant une partie importante du pays.Les Farc détiennent dans
la jungle 39 otages dits "politiques", dont l'ex-candidate
présidentielle franco-colombienne Ingrid Betancourt et trois
Américains, qu'ils veulent échanger contre 500 guérilleros emprisonnés.La
mort de Raul Reyes intervient alors que la guérilla a relâché
unilatéralement six otages depuis le début de l'année et que la
pression internationale s'accentue pour obtenir la remise en liberté de
Mme Betancourt en raison de son mauvais état de santé.