C'est la deuxième fois depuis 2006 que le Sénat est
saisi de cette question brûlante. Les ministres de l'Ecologie et de
l'Agriculture ont appelé mardi les sénateurs à dépassionner le débat
sur les OGM en "
clarifiant" par la loi les conditions de leur culture et de leur coexistence avec les productions conventionnelles.
Pour Michel Barnier, la loi doit "
permettre
à la raison de prendre le pas sur la passion" en "encadrant
l'utilisation des OGM sur la base des principes affichés lors du
Grenelle: responsabilité, précaution, transparence et libre choix". Mais
le ministre a déjà heurté les associations écologistes en annonçant la
délivrance de nouvelles autorisations d'essais en plein champ dès 2008,
sans attendre la création du Haut conseil des biotechnologies prévu par
la loi.
"
Il est urgent d'attendre"
Jean-Louis Borloo a, lui, insisté, à cinq reprises au moins, sur le libre choix de "
produire et consommer avec ou sans OGM, ce qui signifie sans nuire aux autres".
Du côté des sénateurs, beaucoup de ceux qui ont pris la parole ont
insisté sur la nécessité de poursuivre la recherche sur les
biotechnologies.
La France a décidé d'activer à Bruxelles la "
clause de sauvegarde"
et de suspendre les cultures OGM en milieu ouvert, notamment celle de
la seule culture commerciale concernée, le maïs MON810, jusqu'à ce que
la commission européenne ait procédé à de nouvelles expertises. Cette
suspension ne concernait pas les essais à des fins de recherches mais
les associations écologistes espéraient que ceux-ci ne seraient pas
étendus.
Pour Lylian Le Goff, responsable de la
mission biotechnologies de la fédération France Nature Environnement
(FNE, 3000 associations), chargé du dossier OGM : "
il n'est pas
urgent de reprendre les essais en plein champ (mais) il est urgent
d'attendre l'installation du Haut conseil des biotechnologies et de lui
laisser le temps de travailler dans la sérénité". Pour la FNE, "
l'annonce
de Michel Barnier n'est certainement pas conforme à l'engagement du
gouvernement en faveur d'une recherche scientifique renforcée,
transparente et pluraliste".
200 à 300 manifestants anti-OGM devant le Sénat |
200 à 300 militants anti-OGM ont manifesté bruyamment devant le Sénat mardi soir. Les manifestants qui venaient du boulevard Saint-Michel ont été arrêtés par des barrières métalliques en haut de la rue de Tournon, alors qu'un cordon de policiers était déployé devant le palais du Luxembourg. Le cortège était précédé d'un camion sur lequel avait été érigé un épi de maïs en toile gonflée à l'air chaud, de 4 à 5 mètres de haut. Sous la bannière de la Confédération paysanne, des Amis de la Terre et des Faucheurs volontaires, les manifestants scandaient: "A ceux qui veulent imposer les OGM, nous répondons: résistance". |